Le syndrome de la religieuse au chocolat : une émotion bien enrobée

composition vaisselle de MarielauTerreA l’heure de la bûche au chocolat, je me suis aperçue que le syndrome de la religieuse au chocolat pouvait resurgir. Quel est le phénomène mystérieux que sans doute beaucoup d’entre nous vivons ? L’appel du ventre, du cerveau, des émotions ? J’ai répondu à l’appel de ce dialogue avec cette célèbre pâtisserie.

 

Emmanuelle Labat: Chère religieuse au chocolat, je pense à toi à certains moments de la vie et tu deviens irrésistible.

Religieuse au chocolat: Bonjour la Belle, te revoilà. Une petite visite. Je te vois, tu m’observes derrière la vitrine qui me protège.

Moi: Ah, tu es là, tu m’attendais au coin de la rue. Toujours aussi élégante er bien enrobée.

Religieuse au chocolat: Es-tu venue spécialement pour moi aujourd’hui ? Je vois dans ton regard, tu hésites. Effectivement, je ne voudrais pas abîmer ta silhouette, celle que tu as sculptée après avoir perdu tes 18 kilos. Tu m’as manqué pendant de longues périodes.

Moi: Oui, je t’ai souvent laissée derrière la vitrine, abandonnée aux mains d’autres passionnés. Pendant tous ces moments d’absence, j’ai plongé à l’intérieur de moi, j’ai dialogué avec toi. Lorsque ta présence se faisait sentir, et pouvait aller jusqu’à enfiler un pantalon sur un pyjama et sortir sous une pluie battante pour aller te chercher et te ramener à la maison…

Religieuse au chocolat: Oh, quel honneur te me fais, je deviens Saint Honoré….

Moi: J’ai résisté, j’ai écouté. J’entendais « quelle est cette tristesse qui est en toi ? ». Vibration tristesse en route et hop l’envie de te dévorer pour calmer. Parfois, j’étais encore plus triste lorsque tu avais quitté la vitrine et que seule ta cousine au café occupait toute la place. Elle ne m’a jamais plu, et elle ne m’a jamais calmé. J’abdiquais alors pour une part de flan nature, le gâteau que ma grand-mère m’offrait souvent. Étrange mémoire cellulaire. Dis-moi, quelle est un peu ton histoire ?

Religieuse au chocolat: Si tu vas sur le web tu pourras lire entre autres que je suis née aux environs de 1855, sortie de l’imagination de Frascati, célèbre pâtissier-glacier parisien. J’avais à l’époque une forme différente : un carré de pâte à choux fourré de crème pâtissière et surmonté de crème fouettée. J’avais la forme d’un flan. On m’a mise en boule. Ma couleur chocolat peut évoquer la robe moniale. Je vis religieusement.

Moi: Tu sais, c’est tout un rituel avec toi. Ne crois pas que je comble seulement l’émotion tristesse avec toi. Je fête aussi.

Religieuse au chocolat: Ah tu fêtes le Christ aussi ?

Moi: Je ne veux pas te décevoir, je commets quelque infidélités avec la bûche au chocolat pour célébrer le Christ. Non, avec toi je célèbre les moments de réussite. Je fête personnellement avec moi-même, le moment où j’ai réussi quelque chose d’important. Oui, je me suis rendu-compte qu’une forte envie se déclenchait à ce moment là, dans la bouche. A dire vrai, je crois bien que c’est dans mon inconscient. Pas facile d’échapper à son inconscient. Un petit dialogue avec toi a souvent été nécessaire pour ne pas tomber sous ton charme, une petite mise au point avec mon inconscient, un changement de programme parfois momentané. Ai-je vraiment besoin de te manger ?

Religieuse au chocolat: J’espère que tu m’a respectée à chaque fois.

Moi: Je n’irai pas jusqu’à dire que je t’ai bénie, au sens religieux du terme. Oui, tu faisais partie d’un rituel. Je choisissais la plus belle assiette pour toi. Je ne t’ai jamais avalée dans un carton d’emballage debout dans la rue à la va-vite. Je prenais mon temps, installée confortablement dans mon fauteuil. Je t’accompagnais d’un bon café ou d’un bonne tisane bio, selon l’heure à laquelle le rituel avait lieu.

Religieuse au chocolat: Quel moment divin !

Moi: Oui moment savoureux, moment présent. Tu me permettais d’être dans le moment présent pour satisfaire cette émotion tristesse. Je te mangeais émotionnellement et tu me faisais prendre conscience, de plus en plus, à chaque bouchée. Je commençais avec une cuillère, recueillais petits bourrelets blancs de chantilly ou de crème au beurre. Puis avec deux doigts, j’attrapais ce petit chou mignon. Mordre dedans. Les neurotransmetteurs étaient en alerte. L’effet d’apaisement se diffusait tout doucement dans le corps. Puis pause.

Religieuse au chocolat: Et je me laissais faire souhaitant t’accompagner jusqu’au bout.

Moi : Je regardais avec bienveillance ton socle, ta robe marron, ce gros chou tendre et onctueux. Patience, conscience, silence. Le mental me chatouille « qu’est-ce que tu es en train de faire ? Crois-tu vraiment que cette crème pâtissière au chocolat va résoudre une des blessures de la vie ? N’y a-t’il pas d’autres moyens? »

Tout se confond ….. La religieuse me fait tourner la tête.

La Religieuse au chocolat murmure dans sa collerette,
« Mon enfant, je t’aide à faire des sauts quantiques….

Moi: Tu sais une seule et unique fois, je suis allée voir un psy qui se trouvait à 2 pas de la boulangerie où j’avais l’habitude de te retrouver. Elle m’a renvoyée chez moi en me disant que j’étais trop forte. Chère Religieuse au Chocolat, tu as été mon seul salut à ce moment là de la vie. Tu as réussi à faire craquer mes murailles, à fissurer l’intérieur émotionnel pour en faire jaillir la crème. Tu m’as fait vérifier le paradigme que nous sommes ce que nous mangeons, que nous mangeons souvent de façon émotionnelle. Tu m’as évité de dépenser des sommes folles chez les psychologues. Tu m’as fait prendre des kilos, qui ont finalement fondu. Tu as accompagné tout ce travail intérieur. D’autres vont regarder cent fois le même film.

Religieuse au chocolat: La grande guérisseuse que je suis, te tire sa révérence et t’offre une pièce montée. Je sais que tu les aimes.

Moi : Ah tu me connais bien. N’oublie pas les profiteroles au chocolat qui seules peuvent détrôner ta place. Elles arrivent toujours lors d’un repas partagé qui devient une fête à lui même.
Quelle magicienne tu es. Quelle chocolaterie. Quelle puissance douce et crémeuse. Tu es un vrai chou !

Composition artistique : artiste sculptrice MarielauTerre

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Commentaire

Le syndrome de la religieuse au chocolat : une émotion bien enrobée — 12 commentaires

  1. Emmanuelle

    Ah j’ai adoré cette façon de présenter le problème excès de poids et gourmandise et tutti quanti. Très drôle et très instructif même si je préfère les babas au rhum et les religieuses au café je me suis « pourléché les babines » en lisant ces lignes pleines d’humour et d’enseignements.

    Bonne Année

  2. Bonjour chère Emma,
    Eh bien quelle aventure spirituelle !
    Oui la tristesse, le vide, l’ignorance, l’impossible, l’absence, une religieuse de cette sorte relie à beaucoup de manques et stimule le désir.
    Malheureusement il faut beaucoup de temps pour changer le désir de combler en désir d’accomplir.

    A bientôt
    Elisandre

  3. Bonjour Patricia, Sylviane et Elisandre,

    Je me suis bien amusée à lire vos commentaires complètement différents sur un même sujet (pourtant très court), selon le point de vue où les préoccupations de chacune. Cela montre bien l’immensité de la tâche quand nous voulons accompagner d’autres personnes sur leur chemin de santé.
    Je suis ravie si cela a réveillé quelque chose en vous.

    Elisandre, peux-tu préciser s’il te plaît, « le désir de combler en désir d’accomplir ». Merci.

    Si un jour nous nous retrouvons physiquement, dans un salon de thé, c’est mon lieu privilégié, ayant beaucoup d’attaches à la culture germanique et russe, vous saurez quel gâteau réserver pour me faire plaisir.

    Je vous laisse savourer votre semaine.

    Madame Quantique

  4. Bel article, amené de manière amusante et distrayante .
    Ca me fait penser aux voies que j’entends quand je me retrouve devant une pizza, un ange me dit de me faire plaisir, un autre ange me dit d’être sérieux et de la jeter à la poubelle ..

    J’espère qu’elle est bonne au moins cette religieuse au chocolat ^^

    • Bonjour Farid,

      Quelle chance d’être guidé dans ses repas par un ange.
      Cela me rappelle un ami qui disait qu’il état végétarien mais qui, comme tout bon américain, mangeait tous les jours une pizza et un bol de crème glacée. Résultat …. beaucoup de kilos. Et ensuite guérison spirituelle pour déclencher un autre processus.

      Moi aussi je craque de temps en temps pour une bonne pizza, si tous les ingrédients sont bons, pas de souci pour le corps. Le tout est d’avoir conscience de ce que je fais et de ce que je mets dans mon corps et à quelle motivation je réponds.

      A bientôt

      Emmanuelle

  5. Superbe article, Emmanuelle ! J’en ai adoré la poésie, l’originalité et la beauté du lien qui se fait entre la religieuse au chocolat et toi. Oui, ce lien existe et tu le décris merveilleusement. Nous avons tous une religieuse au chocolat qui nous guette quelque part… et nous offre réconfort en nous permettant de manger nos émotions !

    • Bonjour Bernadette,

      Merci pour tes compliments.
      Apparemment, certaines de nos amies ont un baba au rhum dans le coeur… et dans le ventre par moments.

      Pour l’instant, je n’ai pas encore rencontré quelqu’un qui avait le même attachement pour la religuese au chocolat, ou le chou à la crême de façon plus générale.

      A quand la cuisine quantique ???? Cet article sur l’art quantique peut sans doute t’inspirer http://formationquantique.com/lart-quantique-esthetique-recherches-scientifiques/

      Bon week-end cuisine

      Emmanuelle

    • Bonjour Jean-Charles,

      Attention au syndrome, même s’il a un goût sucré ! L’article fera peut être augmenté les ventes de religieuse au chocolat ….

      Bien à toi

      Emmanuelle

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